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Sex, drugs and musique pré-romantique
1 novembre 2011

Parce que je ne fais qu'un seul geste.

Je disais donc qu'après une réflexion intense, j'ai fini par retourner ma veste. Enfin, réflexion intense, ou ce qui s'en approche le plus. En fait, j'ai plutôt subitement arrêté un de mes gestes en prenant une expression proche de celle de la vache regardant passer le train, tenu environ une minute, puis soudain la vérité m'a inondé. Vous me direz, mais de quoi donc qu'elle parle elle encore, ça fait un an qu'elle a pas écrit et elle revient nous briser les noix avec ses théories à la con. Et tu n'aurais pas tort, public.

Depuis septembre, on a pu remarquer que j'essaye désespérément d'écouter de la musique atonale sans exploser de rire dans la minute qui suit (d'où l'avantage d'écouter Webern, les pièces durant rarement plus d'une minute, on a moins le temps pour la poilade). C'est bien entendu absolument pas contre nos trois viennois n°2, qui sont par ailleurs très sympathiques, sauf Berg parce qu'il trompe sa femme murmurent certains, ce qui peut se justifier par le fait que sa sœur s'appelle Smaragda, fait suffisamment perturbant pour te troubler une sexualité même en y mettant la meilleure volonté, mais nous nous égarons.

Après avoir étudié la question à coup de longues heures d'analyse, j'avais fini par me demander si l'atonalité n'était pas une prison encore mieux gardée que la tonalité (c'est joli, mais mal formulé. Mais il est tôt et j'ai trop bu hier soir). Si à force de trop vouloir sortir des sentiers battus, nos amis du pays des Mozart Kugeln ne se limitaient pas à vouloir faire des maths différentes de celles des autres, ce qui nous ramène à quelque chose d'à peu près aussi musical qu'un étudiant en musicologie lambda essayant d'harmoniser une mélodie, c'est à dire, en comptant sur ses doigts, pour un rendu sonore assez moche. Ok, étudiant lambda, c'est vite dit, on a de très bons étudiants lambda chez nous, mais j'avais pas envie de me définir comme appartenant à la minorité pas foutue d'entendre une petite mélodie en DoM sur une portée en clé de sol. Oups, trop tard. Et d'ailleurs, pour ces histoires d'atonalité, j'avais cette opinion tellement solidement ancrée en moi que j'avais l'impression que toutes leurs pièces commençaient pareil (sauf Webern, Webern c'est celui où on entend rien).

Et pourtant, j'avais lu et relu De l'esthétique et des fétiches, et je me sentais mal, mais mal, de me dire que quelque chose de grand et de puissant m'échappait à moi, pauvre ignare incapable de goûter au raffinement des agrégats de sons n'ayant à priori rien à faire ensemble. Oui, derrière ce masque d'incompréhension, je le dis, je l'affirme, je voulais moi aussi m'extasier sur l'absence de tonique, puis plus tard sur cette belle série rétrograde, et même, soyons fous, sur un traitement sériel appliqué à tous les paramètres. Et bien, mes amis, c'est chose faite (ou presque). Un jour, j'ai prêté une oreille un peu plus attentive à Wozzeck, me disant qu'une histoire de femme fatale et de mort ça finirait forcément par me plaire. Et là, le ciel s'est ouvert, des langues de feu sont descendues sur ma tête, et je n'entendais plus une cacophonies que les hurlements des protagonistes essayaient de couvrir, mais bien, osons le mot, de la musique, et même de la bonne musique. J'ai poursuivi par Lulu, pour voir si le miracle continuait, et effectivement, mon petit cœur palpitait au rythme des séries mises à l'envers à l'endroit par derrière et en diagonale. Comme je suis vraiment trop une folle, j'ai retenté le Pierrot Lunaire, qui pourtant n'est pas ce qu'on a fait de plus simple d'écoute. Et pourtant, j'ai aimé. Mais il fallait bien que le miracle s'arrête un jour : j'ai écouté Webern, et j'ai eu un fou rire.

Moralité : si Webern avait un peu moins fumé la Urfplantz et mis un peu plus de notes sur ses partitions, mon chemin vers l'affection pour la musique atonale aurait peut-être été un peu moins sinueux.

Moralité 2 : fumer tue (cf Webern). On doit la faire souvent celle là, mais je m'en lasse pas.

 

 

Aujourd'hui nous écoutons un très bel extrait de La Traviata. La Traviata ça veut dire la dévoyée. Pour l'anecdote, Verdi a un instant songé à appeler son opéra La grosse pute, mais les associations féministes ont gueulé, alors il s'est dit que finalement, dévoyée, c'était pas si mal. C'était la minute anti-culturelle du jour.

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