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Sex, drugs and musique pré-romantique
3 novembre 2012

Valer's the baroque queen, young and sweet, only 26

Notre sujet du jour n'est pas très éloigné du dernier évoqué, du moins au niveau des costumes. Oui, je commence à penser que la personne qui a imaginé les sublimes fanfreluches aux couleurs franches qui ont fait la renommée d'Abba est la même que celle qui a sévi sur Artaserse - et si les costumes ne sont pas une preuve, je tiens à rappeler qu'il y a deux lancers de paillettes, suivis par une pluie de paillettes, alors si le responsable n'est pas un fan absolu de Mamma Mia, personne ne l'est. Et je t'entends, petit malin au fond de la classe qui fait remarquer que non, personne ne l'est. J'aime Mamma Mia presque autant que Glitter and be gay chanté par Diana Damrau. 

Mais nous nous égarons. Artaserse, donc, de Leonardo (pas Da) Vinci, qui n'a selon toute vraisemblance aucun rapport avec le mec qui a peint une meuf qui se force à sourire malgré une très forte envie de se gratter les parties intimes (percer le mystère de la Joconde : check). Artaserse, ou comment rassembler 6 hommes sur le plateau pour autant de testostérone qu'un chaton femelle. L'histoire est à la fois très simple, et très bordélique : on a d'un côté la famille royale représentée par Artaserse et sa soeur Mandane, et de l'autre le chef de la garde royale, Artabano, et ses deux enfants Arbace et Semira. Ajoutons à cela Megabise, le mec qui porte le plus mal son nom de l'histoire de l'opéra parce que je suis désolée, mais appeler un méchant Mégabise, c'est quand même bien se foutre de la gueule du public. Artaserse aime Semira (et réciproque), Mandane aime Arbace (et réciproque), sauf que le roi refuse qu'Arbace épouse Mandane donc Artabano pas content le tue, sauf qu'à cause d'une sombre histoire d'épée Arbace se retrouve accusé. D'où bordel parce que d'un côté il a tué le roi (parce que bien sur pour protéger son père il ne révèle pas l'identité du vrai meurtrier) et c'est MAL, mais d'un autre, c'est l'ami d'Artaserse qui est gentil et brave et noble et qui par conséquent pigne un peu. Après moult péripéties et twist scénaristiques trop oufs (oui, je suis faite pour la critique de la musique baroque), Artabano avoue qu'il est coupable, il est banni, et les deux couples peuvent vivre dans un monde d'amour et de paix. Et Mégabise est mort mais on s'en fout un peu. 

La chose destabilisante pour les incultes de mon genre, c'est évidemment le nombre très élevés de voix aigus, 5 contre ténors pour un ténor (qui du coup a l'air d'avoir une voix grave muchos couillos, alors que c'est un ténor, quand même). D'où 6 hommes et peu de testostérone. Je connaissais de la voix de contre ténor principalement la version de Jaroussky de La diva de l'Empire, et les échauffements de notre specimen made in conservatoire avant une audition, autant dire pas grand chose. J'avais donc peur. Mais mon affection pour la musique baroque et la volonté de voir un mec célèbre (le Jaroussky en question) m'ont quand même poussé à aller jeter un oeil. Et ben les gars, c'était trop cool. Particulièrement Valer Barna Sabadus qui jouait Semira (et que je trouve diablement sexy quand il n'est pas en robe avec des plumes de paon dans sa coiffe). Je ne dis pas qu'à partir de maintenant je n'écouterai plus que ça (ça signifirait renoncer à tous les ténors qui parlent à ma libido alors que je viens d'en découvrir un nouveau. Charles Castronovo, mon corps est à toi quand tu veux, je serai ta Traviata, tu seras mon Traviato, et nous dévoyerons gaiement mais sans les histoire d'Amor ch'è il palpito dell'universo, je te paye pas à raconter des conneries), mais je note pour l'avenir que c'est écoutable.

Sinon décor intéressant mais très "on va mettre plein de trucs chargés de signification", genre, un grand carré au sol qui tourne plus ou moins vite pour traduire une émotion blablabla. Le truc que tu peux caser dans n'importe quel opéra, ballet, pièce de théâtre, baroque, classique, contemporain. Le truc bateau gonflant. Mais on leur pardonne parce qu'il y avait d'autres idées très bonnes (dont les grands panneaux coulissants représentant L'explosion dans la cathédrale). Orchestre ... baroque, sans surprise. 2 clavecins dont un tenu par le chef d'orchestre, qui, par conséquent, jouait du clavecin debout, c'est peut être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (l'être aimé m'a assuré que c'était pas drôle, mais il ne rigole pas non plus quand je lui raconte l'histoire des deux pingouins sur la banquise y en a un qui tombe et l'autre il s'en fout, alors on peut décréter qu'il n'a pas d'humour et que je suis un temple à la gloire de la drôlitude). Le petit livre horriblement cher qu'ils vendent à l'entrée vous renseignera sur tous les détails techniques sans faire de vannes pourries. En plus il y a le livret intégral (pas difficile, chaque air comportant environ 3 phrases). On y découvrira comme toujours les photos des interprètes, non sans surprise : après les avoir vu pendant 4 heures avec un maquillage petits personnages style (visage blanc, sourcils et yeux noirs, bouche également pour eux), déguisés en paons mâles ou femelles, on a du mal à imaginer qu'en vrai, ils ont des poils sur le visage et des gros sourcils. 

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