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Sex, drugs and musique pré-romantique
12 février 2013

By the pricking of my thumbs, something wicked this way comes

Note pour l'avenir : ne plus jamais aller à l'opéra le dimanche, sortir à 18h, et filer profiter de l'happy hour dans un troquet quelconque. JAMAIS. Ce n'est définitivement pas une bonne façon de commencer la semaine. J'ai plus 20 ans, quoi. Depuis moins d'un mois, mais je suis certaine que ça a joué et qu'à présent je me précipite dans la décrépitude à une vitesse beaucoup trop élevée à mon goût. Et que je vais mourir. Et que les licornes n'existent pas.

Mais nous ne sommes pas là pour parler de mes prouesses nocturnes. Avant l'happy hour, donc, il y a eu l'opéra, à savoir, Macbeth. Si on a oublié son cerveau et qu'on se demande qui a bien pu composer cette œuvre, on en écoutera quelques minutes, et on reconnaîtra immédiatement des cadences / vocalises / effets d'orchestres présents également dans tous les autres opéras de Verdi. Ce qui peut d'ailleurs donner des superpositions assez comiques, mais passons.

On m'avait dit du bien de cette production. Beaucoup de bien. Beaucoup trop de bien, presque, un petit voyant « attention piège » commençait à clignoter (ce même petit voyant défectueux qui ne s'allume pas quand je décide de raconter une blague). Et bien pour une fois, il avait raison, cet enfoiré : je suis déçue. Pas déçue « c'était nul remboursez », déçue «mais les mecs, mais pourquoi?! ». Pourquoi tant de demi-mesure pour un opéra qui ne la supporte absolument pas ? Pourquoi si peu de violence ? Pourquoi Lady Macbeth a-t-elle décidé de ne pas jouer ? Pourquoi Macbeth est-il mort à peu près aussi mal de Marion Cotillard dans Batman ? Pourquoi je n'arrive pas à me souvenir dans quoi j'ai déjà vu Banco, alors que normalement je n'oublie jamais, JAMAIS un homme sexy ?! Ce qui est peut être la chose la plus dramatique, je crois que je perds la boule.

Bon, on m'avait vendu du décor superbe, j'ai eu du décor superbe. Rien à redire là dessus, c'était lugubre, c'était orageux, c'était l'Écosse. C'était pas blindé de références stupides à notre horrible société de consommation (hé, théâtre contemporain, wink wink !), ce qui est déjà un énorme bon point. Les sorcières avaient un costume incroyablement cool, bonnes sœurs devant et squelettes dans cape noire derrière. Certes, elles dansaient bizarrement, mais ce sont des sorcières, on ne peut pas leur demander de déhancher leur corps de rêve sur Gloria Gaynor comme je le fais. Au passage, j'ai trouvé le chœur dans son ensemble plutôt bon - ce qui est tout de même plutôt pratique dans un opéra où les effets de masse sont aussi nombreux. Continuons à chercher des points positifs : Banco, en plus d'être to sexy for his shirt, arrivait à nous faire partager son angoisse pré-mort dans la forêt. Macduff m'a filé quelques frissons.

Ce qui nous ramène à mon sujet de plainte, d'ailleurs. Énorme déception dans la fin d'acte qui précède : à quoi sert de représenter la mort de sa femme et de ses enfants, si c'est pour en faire quelque chose d'aussi insipide ? Ils massacrent des êtres innocents. C'est atroce. C'est inhumain. Et quand c'est arrivé, ma petite nature d'ordinaire beaucoup trop sensible s'est dit : ah, c'est tout ? Oui, c'est tout, il y a juste des hommes qui ont fait sembler de tuer très doucement des petits enfants sur la scène de manière très peu crédible. Bien sur, il n'y a pas forcément besoin de passer par le gore pour exprimer l'horreur et je ne suis pas très fan du lancer de sang de porc sur la foule, mais il y a un juste milieu. De plus, on avait en parallèle le fameux duo de fin d'acte III le plus mou de l'histoire. Pareil, il se dit des choses terribles, et sans les sur-titres j'aurais probablement pensé qu'elle lui demandait le sel. J'ai passé 3 heures à me demander quand Lady Macbeth allait commencer à jouer. Bien entendu c'est un rôle très difficile techniquement, et malgré un vibrato tellement conséquent qu'on pouvait parfois se demander quelle note elle tenait, je ne compte pas la pourrir là dessus. Si je ne l'avais que écouté, je l'aurais probablement trouvé tout à fait convenable. Oui, mais. L'opéra. Tu sais, ces gens qui chantent ET qui jouent en même temps. Il faudrait que quelqu'un lui explique que se pavaner de long en large sur scène avec une tête méchante ne suffit pas à faire une bonne Lady Macbeth.

Je me disais que tout de même elle allait réussir à nous faire une scène de somnambulisme correcte. J'ai déjà vu des comédiens peu crédibles. Elle a réussi à mettre la barre encore plus haut. Après la demande de sel, c'était la complainte parce qu'ils n'avaient plus de baguette à la boulangerie. Bouhouhou.

Sinon le chœur Patrie Opprimée (la flemme d'essayer de me souvenir de la V.O.) était très beau.

Notons l'effort fait pour finir sur une note positive avec une phrase sortie de nulle part et sur laquelle il est difficile d'embrayer. Bravo moi. Je mérite les applaudissements tout à fait superflus qu'a reçu Lady Macbeth.

La prochaine fois nous parlerons de la fantastique pièce que je vais voir ce soir et de chaussures glissantes.

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Commentaires
A
Je pense que Lady Macbeth est venue en scooter c'est pour ça qu'elle n'était pas trop convaincue de la douleur qu'aurait du normalement lui occasionner le somnambulisme de la baguette qui sort de la boulangerie et ne revient jamais le matin.
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