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Sex, drugs and musique pré-romantique
23 novembre 2013

Mes petits ratons-laveurs (je fais un peu la

Mes petits ratons-laveurs (je fais un peu la gueule aux loutres depuis que j´ai appris qu´elles violaient des cadavres de bébés phoques, mais comme je suis pas rancunière, ça devrait passer),

Aujourd´hui, parlons peu (non), parlons bien (non plus), parlons travail (plus ou moins). 

J´avais pour projet de balancer mes dernières réflexions sur un sujet susceptible d´être intéressant pour une frange de la population plus conséquente qu´usuellement . Effectivement, depuis que j´ai emménagé ici, le fait de vivre en colocation me permet de regarder des films d´horreur. Parce que, ne nous leurrons pas : j´essaye de renvoyer une image un minimum badass pour compenser ma passion des chatons, j´ai abandonné les claques au profit des coups de poings depuis quelques années et je bois mon whisky pur comme un cow-boy, mais en vrai, je suis une méga trouillarde. Du genre à regarder dans mon placard le soir avant de me coucher. Voire, à dormir avec la lumière allumée. Je ne crois pas au surnaturel, parce que je refuse d´y croire, parce que ça fait peur. Mais en même temps, j´aime avoir peur. D´oú, problème. Pendant mes deux premières années de fac, quand j´habitais seule, je ne pouvais même pas écouter Varèse le soir, c´est dire. Mais ensuite, vu que jusqu´à mon départ pour la meilleure ville du monde j´avais régulièrement  à disposition des bras virils dans lesquels me réfugier si j´avais abusé de pages creepy sur les maisons hantées, je suis progressivement tombée dedans - la grande, la merveilleuse, la magnifique Jack Parker de Madmoizelle et ses vidéos ayant achevé le travail. Et maintenant, c´est foutu, la présence rassurante de mes colocs et la fréquentation de personnes partageant mon affection pour le glauque m´ont transformé en cette créature hybride qui m´a toujours énervée, la meuf qui regarde des films d´horreurs avec une main devant les yeux, un jeu digital subtil permettant de cacher alternativement les parties de l´écran  il y a un truc qui fait peur (merci aux quelques années de piano au conservatoire m´ayant permis d´aquérir cette dextérité). 

Alors fatalement, on a fini par regarder le film dont la bande-annonce m´a tellement fait flipper que je mourrais d´envie de le voir. Insidious. Même si ma technique m´a permis d´éviter des détails qui m´auraient sûrement traumatisés à vie, j´ai vu une grande partie, à cause de laquelle je suis à présent partagée entre voir le 2 le plus vite possible parce que c´est absolument génial, et appeler ma maman pour qu´elle me raconte l´histoire des trois chatons qui ont perdu leurs gants (ce sera le sujet d´un autre récit passionnant, ce livre étant un gros point d´interrogation dans mon enfance - spoiler : les chatons ont besoin de leurs gants pour manger des gâteaux et des bonbons. Les auteurs de livres pour enfants sont des drogués) jusqu´à ce que j´arrête d´avoir peur. 

Mais en quoi cela concerne-t-il mes lecteurs friands de vulgarisation musicologique? Ahah. On a tendance à considérer le cinéma d´horreur comme un sous-genre moins intéressant que le Vrai Grand Cinéma. Ce qui est en quelque sorte logique, vu qu´il ne s´adresse pas à tout le monde - quand à trouver quel genre s´adresse vraiment à tout le monde, ceci est une autre question, et comme je suis une bite en culture cinématographique, je n´essayerai pas d´y répondre. Pourtant c´est un genre riche, avec ses codes, ses classiques, ses acteurs. Comme le porno, tiens. Mais c´est pas le film familial du dimanche. Ceci dit, si l´autre choix était Bienvenue chez les Ch´tis, je ne sais pas ce qui est mieux pour le développement des enfants. Bref. Du coup, c´est un pan de culture sur lequel on aura moins facilement tendance à se pencher quand on veut se contenter de la culture cinématographique de base. C´est un peu comme dans mes cours d´histoire de la musique de licence, dont le but était de nous donner une base culturelle assez large dans le domaine, et dont la ligne directrice était par conséquent la musique dite "classique" dans le sens "rayon classique de la fnac", ce qui va environ du chant grégorien à la musique électroacoustique en passant par mon pré-romantisme vénéré, ce qui nous a forcé à passer à coté du développement de genres musicaux non moins intéressants (très peu de musique populaire hors réutilisation de matériau populaire dans la musique classique) mais ne rentrant pas dans le cadre fixé; normal, déjà qu´en traversant environ 11 siècles en trois ans on a plus que survolé pas mal de choses, on est resté dans le basique. Parenthèse, après ça, faire un M2 Musicologie à Vienne c´est la fête du slip, j´ai pu avoir des cours sur le disco allemand, les bardes écossais, la dévotion mariale ou la pornographie dans l´opérette, et je réalise qu´en n´ayant qu´une seule vie je n´aurai probablement même pas entendu un dixième de ce qui a fait l´histoire de la musique; c´est un peu comme prendre conscience de la taille de l´univers mais en moins effrayant.

Tendance donc á n´inclure dans la culture générale artistique que ce qui fait partie de la "grande" culture. Ce qui est une bonne base, mais contribue parfois à nous mettre des oeillères, et c´est fort triste, comme mes récentes expériences horrifiques me l´ont montré. En commençant à regarder ces films, j´ai par exemple été frappée par la créativité dans la manière de filmer - exemple type : la fin de Los ojos de Julia, filmée avec pour lumière le flash d´un appareil photo. Moi et ma novicité, on a trouvé le résultat dingue. D´oú transition vers ce qui nous intéresse : la musique. Cette. Putain. De. Musique. D´oú transition vers le "j´avais pour projet" qui ouvrait ceci (oui, tout ça pour ça): pour parler de la BO d´Insidious, il aurait fallu que je la réécoute. Pour que je la réécoute, il aurait fallu que mes colocs ne soient pas en cours, et que la nuit ne tombe pas á 16h. Alors je vous laisse vous régaler tous seuls, le compositeur c´est Joseph Bishara et vu son CV, on comprend qu´il connaisse bien son affaire.

Comme je suis gentille, j´enchaine sur un sujet qui n´a rien à voir et ne vous fera pas faire de cauchemars. Par contre, moi, si. Ça s´appelle "Ossian et Schubert" en attendant de trouver un nom qui pète plus et qui correspondra mieux à ma problématique, ça va me rendre chauve, autrement dit, c´est mon mémoire. Un jour j´expliquerai en détails les tenants et les aboutissants de cette bien belle histoire, mais pas aujourd´hui, je dois acheter des pizzas. En gros, il s´agit de 9 lieder composés par - je vous laisse deviner, entre 1815 et 1817, et dont personne n´a rien à foutre. Forcément, puisque le mec a aussi mis en musique les plus grands poètes de son époque, et même si j´aime Ossian de tout mon coeur, il faut admettre qu´à coté de Goethe, la traduction de Harold utilisée pour les lieder ossianiques est bien bien nulle. La légende dit d´ailleurs que les potes de Schubert se foutaient de sa gueule quand il se mettait au piano pour les chanter. Et même si se foutre de la gueule de Schubert qui chante Mädchen Inistores c´est la classe, il en reste que ces 9 pièces sont de nos jours peu enregistrées, et encore moins jouées, pour plusieurs raisons compréhensibles - Die Nacht qui selon moi justifierait à lui seul de redécouvrir cet ensemble a cependant une construction que plusieurs ont qualifiée de foireuse (non, pas en ces termes, les vrais musicologues sont polis).

Et puis il y a la raison que je trouve atrocement triste, et que j´avais déjà avancée l´année dernière lorsqu´il s´agissait de comprendre pourquoi on se souvient à peu près des oeuvres orchestrales qui ont été influencées par Ossian (Die Hebriden de Mendelssohn, Souvenirs d´Ossian de Gade), alors qu´on a totalement oublié la production vocale, qu´il s´agisse d´opéras, de lieder ou de cantates, bien que de grands noms s´y soient intéressé (Schubert, donc, mais aussi Brahms et un peu Donizetti; pour la fierté nationale, Ossian ou les Bardes de Le Sueur EMPIRE RPZ - cet opéra réussissant l´exploit de réunir les pages les plus plates écrites pendant cette période avec le passage du Songe d´Ossian ; 10 minutes superbes pour 3 heures d´emmerdement, un ratio rappelant métaphoriquement la difficulté de l´existence). Pourquoi? Parce qu´Ossian est passé à la trappe - en tout, j´ai rencontré quatre personnes qui connaissaient ce nom. Sachant que je parle de mon mémoire à toute personne avec qui je communique pendant plus de 5 minutes, en gros. Vu que les textes sont remplis de références á des lieux / personnages / situations, et que progressivement plus personne ne les a comprises, VTFF Ossian. 

Je dis : Non. Et je dis : merci chaine Youtube. Ils ne sont pas tous bons, il n´y en a que 5, mais ils sont là, et il y a Cronnan, et Cronnan c´est superbe et ça parle d´amour et même si l´amour pas pour moi comme le disait Carla Bruni avant de se marier avec l´autre, c´est bien beau - et si tu peux faire mieux, IMSLP est ton ami, toutes les partitions sont disponibles, fais toi plaiz, comme ça j´arreterai de les massacrer déchiffrer pas très top. Toi aussi, viens du coté ossianique de la force. 

En plus on a des pizzas, du coup. 

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Fais-moi jouir, parle-moi d'Ossian !
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