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Sex, drugs and musique pré-romantique
3 décembre 2011

Praestet fides supplementum sensuum defectui

En fait, au regard de ça, c'est pas si guimauve, le Madrigal de Fauré. Et ça, je suis désolée, mais c'est quand même 11 milliards de fois plus beau au piano qu'à la guitare. Je fais un peu un revival grands classiques en ce moment (et maintenant le deuxième quatuor de Schoenberg en fait partie), mais c'est en grande partie parce qu'on étudie le futurisme et qu'on va donc pas tarder à écouter mon ami Russolo, et c'est là que tu comprends ce qu'ils veulent dire par abolition de la différence entre bruit et musique. C'est quand même un délire. Parfois je me dis que c'est John Cage la voix de la raison. Par ailleurs, une excellente manière d'aborder son malheureusement célèbre 4'33 est d'écouter la version métal. Enfin, moi je trouve ça à mourir de rire, mais on connaît mon humour.

Bref. C'est chiant, ce mot est connoté maintenant, je suis obligée d'en chercher un autre.

Donc. Mieux? Mieux. Donc on a été avec la troisième école de Vienne au théâtre deux fois dans la semaine dans le cadre du festival Ring pour voir Antigone version Sophocle et Andromaque version Racine (celle qu'on travaille au conservatoire, donc, et la boucle est bouclée).

Antigone, j'avais lu la version d'Anouilh quelques jours avant, alors déjà j'étais pas partiale. Anouilh étant ce qu'il est (mis à part mon auteur préféré, on s'en sera douté), on y retrouve ses personnages favoris, à savoir le vieil homme fatigué mais juste et inflexible, la jeune fille douce et belle mais un peu conne parce que trop innocente liée à la héroïne par une amitié fusionnelle, la héroïne étant maigre, le cheveu sale et terne, les ongles sales, en rébellion contre le monde entier blablabla, et le jeune premier, amour fou, au delà du dicible mais ils le disent quand même et c'est magnifique, blablabla. Oui, à plus ou moins un personnage avec parfois changement de sexe, on a ici le shéma de Antigone, Médée, Roméo et Jeanette, Eurydice, Léocadia, Colombe, L'Hermine, j'en passe et des meilleures. Et ça marche à chaque fois. Et je pourrais continuer à parler d'Anouilh des heures et des heures mais nous étions ici pour parler de Sophocle. L'histoire est bien sur la même, mais ici Créon avait un peu ce côté "On est les méchants", qu'ils ont réussi à rendre intéressant toutefois. Le décor, c'était juste incroyable : en gros, des écrans de télé partout style QG rempli d'écrans de vidéo surveillance. L'idée de base était excellente, c'était en somme un mélange entre 1984 et Antigone, sauf que. Sauf que j'en suis sortie sans savoir si j'avais aimé ou détesté. Détesté, parce que le coryphée était un mec qui s'accompagnait à la guitare électrique, ce à quoi je dis pourquoi pas, mais ils le faisaient jouer sur les monologues. Autrement dit, à chaque fois qu'on touchait quelque chose de vrai y avait Hendrix qui se rameutait, et ça devenait comique. Détesté également parce que le XXIème siècle a trouvé une alternative à la règle des trois unités, que nous nommerons la règle des trois WTF?! à savoir, le mec qui fume sa clope, la nana à poil et l'écran de télé pour faire monde moderne. Les trois peuvent donner quelque chose de bon, mais ici la femme à poil n'apportait rien, mais alors rien, mais alors vraiment vraiment rien, à l'action (en plus elle était épilée bizarrement). Mais aimé aussi, parce que mise en scène, donc, et parce que acteurs (sauf Antigone-gros-Lol-c'est-tant-mieux-que-tu-meurs). Au final, je suis sortie frustrée, parce que j'ai l'impression d'avoir été au cinéma (cf vision de Tirésias : grand flash, noir, écran central sur lequel sont diffusés des images angoissantes en boucle style The Ring, avec visage de Tirésias par dessus).

Du coup en allant voir Andromaque j'avais peur. Surtout quand Oreste a commencé à allumer la télé, à parler dans un micro ou encore à mettre une musique assez décalé. Puis Andromaque et Hermione sont arrivées, et là, j'ai su que j'allais aimer. Quand on avait travaillé cette merveilleuse scène où Hermione demande à Oreste de tuer Pyrrhus, je savais qu'il manquait un truc. On avait compris qu'elle était folle, qu'elle était amoureuse, et qu'il était son épagneul pour ne pas citer Shakespeare, mais là, ce qu'on a vu surtout, c'était une mégapute. Mais vraiment, une sacrée salope. D'ailleurs, Andromaque est un personnage magnifique, mais elle est relou, elle se plaint tout le temps, donc je propose de réorganiser la pièce (pardon Jean c'est pas pour te vexer). Par contre, je veux être belle comme l'actrice quand je serai une femme et que j'aurais des vrais verres à vin. Mais nous nous égarons. Et je suis en train de me rendre compte que j'ai beaucoup moins de choses à dire quand j'ai aimé quelque chose, c'est vraiment frustrant.

On pourrait finir sur une citation extraite de notre cours d'analyse (" - Le cor anglais est un instrument en ... - Glais! - Cuivre! - Bois! - ... En fa."). On est vraiment des drôles en licence, non?

Non. L'important c'est d'y croire.

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